Alors que nous entendons parler de nombreux services mis en place pour contribuer à la prévention de la violence domestique ou pour soutenir les victimes (comme le Centre de prévention de la violence domestique en Belgique, la Maison médicale du Maelbeek, l'AMA, Garance, l'asbl DANA), nous entendons rarement parler des services mis en place pour les auteurs de violence.
L'année dernière, lorsque ma thérapie est arrivée à la phase de confrontation avec le passé de mon père, j'ai réalisé qu'il n'avait jamais été accompagné, que ce soit pendant son enfance (éducation au consentement, gestion de la colère) ou même après la période de violence (soutien à la prise de responsabilité).
En effet, nous ne connaissons pas vraiment les organisations qui aident les auteurs de violences, et j'ai dû chercher pendant quelques mois avant de trouver Praxis, qui offre un soutien aux auteurs de violences. Je les ai interrogés pour en savoir plus sur ce service unique de soutien aux auteurs de violences.
Praxis, association sans but lucratif fondée en 1992 à Verviers, basée à Liège depuis 2001 et à Bruxelles depuis 2004, concentre ses activités depuis 1999 sur la mise en place de groupes de parole et de réflexion destinés spécifiquement aux auteurs de violences conjugales, principalement dans le cadre d'une contrainte judiciaire (médiation pénale, probation ou alternative à la détention préventive).*
Les auteurs doivent suivre un programme de 45 heures comprenant deux entretiens préliminaires suivis de 21 séances de groupe hebdomadaires de deux heures et d'un entretien final. Les séances de groupe sont dirigées par deux animateurs, un homme et une femme.
En effet, dans la partie francophone de la Belgique, Praxis est la seule institution à proposer des groupes thérapeutiques pour les auteurs de violences domestiques et familiales. Il existe d'autres types de services de soutien, mais le processus de groupe pour travailler sur l'autonomisation est ce qui rend Praxis unique. En Belgique néerlandophone, la prise en charge des auteurs de violences est différente (voir "Centre de justice familiale").
Une méthodologie unique: le processus de prise de responsabilité en groupe
Le thème central de leur méthodologie est la responsabilité. Assumer la responsabilité, c'est déjà reconnaître l'acte, sans le minimiser, et être conscient des différentes stratégies utilisées pour le justifier. C'est aussi reconnaître que l'acte était inapproprié, illégal, irrespectueux des limites de l'autre, et donc inacceptable, quelle que soit l'intention ou le contexte.
Praxis soutient les auteurs dans ce processus de responsabilisation en les confrontant constamment. Confrontation lorsqu'une justification est avancée, confrontation lorsqu'une émotion surgit, confrontation lorsqu'un de leurs besoins ou limites n'est pas respecté et que cela s'accumule ou explose, confrontation pour prendre conscience et déconstruire les stéréotypes de genre et les schémas de pensée construits par la société, la culture, la religion ou l'éducation, etc.
Praxis travaille également sur la capacité à ressentir, reconnaître et exprimer des émotions, ainsi que sur l'empathie. L'idée est de leur permettre de mieux se connaître et de sentir qu'ils ont plus de choix et plus de façons de réagir dans la vie de tous les jours. C'est surtout à travers le groupe, les échanges et les relations au sein du groupe, les exercices communs et individuels au sein du groupe, la confrontation, qu'on leur apprend à éviter la récidive.
Les résultats jusqu'à présent
Praxis qualifie les résultats de positifs. Même si Praxis n'a pas la prétention d'affirmer que chaque personne qui termine un cycle d'empowerment ne commettra plus jamais d'acte, une chose est sûre: chacune d'entre elles aura au moins observé une manière différente d'entrer en relation et de s'exprimer. On peut dire que si le voyage est rarement achevé, il est en tout cas bien entamé.
En ce qui concerne les chiffres, une étude de 5 ans a été menée par Charlotte VANNESTE sur la récidive dans les cas de violence domestique. Au cours de cette recherche, plus de 20.000 plaintes pour violence domestique ont été analysées et il a été constaté que de toutes les réponses apportées par les tribunaux, Praxis avait le taux de récidive le plus bas (9% en médiation pénale et 35% en mesures de probation). Les chiffres relatifs au nombre de cas sont à prendre avec précaution, car ils ne concernent que ce qui est visible et a été nommé.
Il est cependant clair que Praxis permet de réduire significativement la récidive en Belgique.
Connaissiez-vous ces services proposés par Praxis ?
Quelle a été votre expérience ?
Poursuivons la discussion sur les médias sociaux.
Edith
*Plus d'infos sur Praxis: https://www.asblpraxis.be/praxis-asbl/qui-sommes-nous
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