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Prendre soin de soi

En février, avec Juliette - qui est la fondatrice du concept store zéro déchet Orybany, où j'organise également mes ateliers - nous avons participé à l'épisode 6 du podcast Nos.heritages.

Nos.heritages est un podcast entièrement bénévole de deux journalistes belges, Sarra et Gloria, qui vise à transmettre l'expérience migratoire à la nouvelle génération tout en conservant nos propres racines.

L'enregistrement a été un moment très émouvant et un peu comme une thérapie (merci les filles !). Nous avons parlé de nos origines migratoires, de notre expérience de la maladie et de nos projets créatifs en tant qu'outils de guérison.

L'histoire de migration

J'ai parlé un peu de mon pays d'origine, la Hongrie, où je suis né et où j'ai grandi. À l'époque, la culture folklorique était très présente dans les villes rurales hongroises, de même que le modèle familial traditionnel. Mon quotidien d'enfant était fait d'artisanat : crochet, tricot, couture et fabrication de bijoux.

Très tôt, j'ai travaillé dur et je suis devenue une petite fille rebelle. Je voulais prouver que j'étais aussi capable qu'un garçon, que ce soit en football, en langues ou en histoire ( !).

Je parlais de mon expérience lorsque j'ai quitté la Hongrie pour la première fois : c'était l'année de mes 20 ans et je suis allée étudier en France. J'ai découvert le mode de vie français, le féminisme, mais aussi la politique moderne et, malheureusement, le racisme.

Nous avons également abordé le sujet de la vie en Belgique. Je suis arrivée pour un stage et je suis restée pour travailler. J'ai toujours rêvé de vivre dans une société "Erasmus" (ouverte d'esprit) et je sentais que j'avais besoin de fuir le climat politique difficile en Hongrie, comme le sexisme, la pression sur les femmes, l'homophobie, le manque de solidarité, pour n'en citer que quelques-uns.

J'ai également beaucoup appris sur Juliette : Elle est née au Congo (RDC), dans la province de l'Equateur, d'un père congolais belge et d'une mère congolaise.

Elle a passé sa petite enfance dans la province de l'Equateur avant d'immigrer en Belgique, plus précisément à Bruxelles, à l'âge de 7 ans. Ce déménagement a été un véritable déchirement pour elle et ses sœurs aînées ainsi que pour sa mère. Pour les protéger, ses parents ont choisi de ne pas leur dire qu'il s'agissait d'un aller simple...

Petite fille timide et introvertie dans une tribu de 5 (4ème fille) et avant-dernière des enfants, elle a vécu ses années à Bruxelles comme une petite fille à la recherche de son identité jusqu'à ses 20 ans. Tout a changé après son départ pour Londres où elle a passé 10 ans, s'affirmant et s'acceptant, avec ses origines et sa culture.


Santé physique et mentale

Nous avons discuté du burn out qui s'est produit en 2019 à cause d'un style de vie perfectionniste. Je parlais aussi de la grande pression que les migrants d'Europe de l'Est se mettent pour faire leurs preuves... le burn out a mis en lumière mon stress post-traumatique que j'ai toujours eu depuis mon enfance, victime de violences domestiques avec ma mère jusqu'à mes 3 ans.

La prévention de la violence domestique est donc devenue un combat essentiel pour moi : J'associe ma passion pour la création de bijoux à cette cause en 2020 sous le nom de Tulipane Design. Il ne s'agit pas seulement de vendre des bijoux mais aussi de travailler avec des modèles bénévoles, d'organiser des ateliers thérapeutiques, ainsi que des conférences.

Enfin, j'ai parlé de mon syndrome de stress post-traumatique et de la façon dont je vis avec un traumatisme et dont je me reconstruis : J'écris un blog sur ma thérapie, la difficulté de vivre avec l'anxiété et comment construire quelque chose de positif sur cette base.


Juliette a raconté son expérience du cancer du sein. En décembre 2018, elle sent une boule dans sa poitrine, à l`époque elle n`y pense pas trop, jeune maman, elle a d`autres priorités. En janvier 2019, le temps de faire les examens, le verdict est tombé, cancer du sein, stade 2. " Tout se passe très vite, d'un jour à l'autre, vous ne pouvez rien contrôler, vous êtes totalement perdue, votre vie de femme, de mère, de partenaire, de fille, d'amie, de sœur, ... ce n'est pas seulement ma vie qui est bouleversée, c'est la vie de toutes les personnes qui m'entourent directement et indirectement. Personne n'est jamais prêt à affronter une maladie de longue durée, nous pensons toujours que cela n'arrive qu'aux autres, jusqu'au jour où c'est votre tour".

En 2020, l'année qui suit son traitement, elle reste chez elle pendant le COVID et se sent comme un lion en cage. Elle a envie de sortir, de bouger, de voir du monde mais surtout de revivre. Elle n'a pas vraiment d'autre choix que de rester tranquillement chez elle, et elle utilise ce temps pour digérer ce qu'elle a vécu, la lourdeur du traitement et la réalité de la vie d'une personne qui vient de subir un tremblement de terre.

C'est l'occasion pour elle de faire la liste des défaillances du système, du manque d'information, des tabous, liés à la maladie. Et l'injustice... et surtout d'oser confronter les autorités et la puissance publique par rapport à ces défaillances.

La maison Baob est née en 2021, association à but non lucratif dont la mission est de sensibiliser, accompagner, informer et soutenir toutes les femmes qui traversent une maladie de longue durée pour se reconstruire positivement en utilisant la création comme thérapie vers une reconstruction positive.

Aujourd'hui, elle organise des ateliers créatifs et thérapeutiques avec les membres de l'association ainsi que des forums de discussion pour mettre en lumière les inégalités tout en apportant des solutions et des réponses au corps médical et aux femmes qui traversent une maladie de longue durée.



Podcast disponible en FR:


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